vendredi 15 novembre 2013

Espagne, La passion de l'identité

Les Éditions Nevicata ont sorti le mois dernier une nouvelle collection baptisée "L'âme des peuples". 

Aux antipodes des guides touristiques où il est surtout question d'artisanat, de boire et de manger (comme si les voyageurs n'étaient bons qu'à ramener des souvenirs, et risquaient de se laisser dépérir), ce sont de petits livres mêlant témoignages, récits, entretiens, et anecdotes qui ont pour ambition de vous donner des clefs d'entrée un peu plus originales pour voyager en Europe.

Parmi les quatre premiers titres disponibles : Pologne, Grèce, Allemagne et Espagne, c'est évidemment le dernier qui a attiré mon attention.
Ca commence bien : "Le jour se lève sur la Plaza del Sol, à Madrid. La ville met autant de langueur à se réveiller qu'elle a déployé de bravoure à ne pas s'endormir".
La suite est construite un peu à la vas-y-comme-j-te-pousse, toujours par le prisme de la quête identitaire, passant de Don Quichotte au régionalisme en passant par Théophile Gautier et la guerre civile. Les pages dédiées à la géopolitique et à l'étude génétique de la population espagnole m'ont paru prendre trop de place, ou plutôt, ne pas être à leur place.

Forcément, en 98 pages, on survole tout mais on n'apprend pas grand chose dans le fond. Toutefois, ça donne envie de relire Le voyage en Espagne et de se faire un week-end au plumard avec l'intégrale de Amenabar. On découvre qu'il existe 2 langues des signes officielles en Espagne : la langue des signes catalane et la langue des signes castillane. Et on note qu'il faut absolument aller à l'église de La Paloma lors de la prochaine virée à Madrid.
C'est peu, mais c'est déjà ça. 
Et pourtant, ce livre est assez détestable pour l'aficionado.
Parceque, les toros, ne les cherchez pas ailleurs que sur la couverture. Ils sont là pour appâter le chaland mais voilà le sort (exhaustif) que leur réserve l'auteur, Luis Lema : 
- "Derrière le kitsch des images pieuses et des taureaux en velours, ils [les espagnols] peuvent faire preuve d'un cynisme éclatant."
- "Les grandes églises dessinées par les adeptes du néo-mudéjar se comptent par conséquent sur les doigts d'une main. Ce qui n'empêchera pas les Espagnols d'instiller un air arabe dans tous les bâtiments qui abritent leurs penchants les moins convenables : arènes, salles de jeu, cafés, fumoirs..."
- "Pendant longtemps, les Espagnols n'ont pas eu d'eux-mêmes cette image orientale, musulmane, andalouse, de fêtards joyeux, amateurs de corridas et de flamenco. cela ne leur plaisait pas. Auparavant, c'était plutôt l'identité à l'aragonaise qui dominait : l'Espagnol fort, sérieux, austère, profondément catholique... Mais le mythe a fait son chemin : les taureaux, Grenade, le flamenco."

Ben voyons !

La première phrase de présentation de cette nouvelle collection est "Comprendre l'autre, c'est apprendre à le connaître".

Y'a tromperie sur la marchandise.

Zanzibar

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