jeudi 4 septembre 2014

6 hermosos erales de El Añadio

C'est un bled perdu tout au fond de l'Espagne, la vraie et tranquille Espagne, celle qui est perpétuellement moite et bruyante, celle qui est tellement lumineuse qu'on y voit  clair la nuit, et où les oranges sont tellement sucrées que leur jus en est presque écœurant. C'est un bled coincé entre une colline caillouteuse, un sanctuaire dédié à Nuestra Señora de la Esperanza et une plaza de toros qui accueille 6 novilladas dont 1 non piquée chaque mois de septembre à l'occasion des fêtes du riz.

Ici, leur coquetterie, c'est de soigner la présentation et de varier les encastes. Les erales du jour sont de El Añadio (Santa Coloma - Coquilla). Pas bien épais dans l'ensemble, la corne fine et tricolore, le premier faible, le deuxième querencioso et tête jamais baissée, le troisième et le quatrième vifs et galopeurs mais sans grande transmission, et les deux derniers franchement bons, le sixième étant plus exigeant.

Quant aux minots, Borja Garcia, Fernandez de la Torre et Pablo Aguado,  ils ont tout fait : salut très solennel après le paseo et brindis à foison, jeté de muleta en manière de desplante (avec la certitude de ressembler à Morante), redondos inversés et adornos plus ou moins rigolos, lâché de muleta juste avant l'épée (avec moins de succès toutefois que Fandiño), quites chaotiques et faenas de 80 passes, arraché de muleta en fin de séries (avec la collaboration active du novillo).

Ils ont tout fait donc sauf : banderiller, avancer la jambe, sourire, ou encore aller attendre leurs adversaires au toril... Ils ont tout fait sauf se comporter en novilleros, à l'exception toutefois de Pablo Aguado qui se donne un mal fou pour être pueblerino alors qu'il est régulièrement rattrapé par de bons gestes dès qu'il cesse de regarder le public et qu'il se concentre sur le bicho.

Au-delà de ses bons concepts, Aguado maitrise à merveille la suerte du "mulillero parado" (vrai modèle de rendement que Borja Garcia reprendra à son profit au quatrième), à savoir : transformation du train d'arrastre en statue de sel tant que le mouchoir n'est pas tombé du palco.
 
Sortie à hombros insensée donc, mais gamin à revoir en piquée.
Après la course, il faut aider quelques vieux à remettre dans des sacs de plastique trois fois trop petits leurs énormes coussins amoureusement customisés au point de croix à l'effigie du toro de Madrid. On me remercie en bredouillant trois mots d'anglais car dans le coin, les français n'existent pas et personne ne t'affirme que c'est de la France que viendra le salut de la tauromachie. Non, tout le monde le sait ici, le salut de la tauromachie, s'il vient de quelque part, ce sera de Calasparra.

 Zanzibar

1 commentaire:

  1. EL AÑADIO, fer découvert cet été à Navas de San Juan... Tous bien présentés, des comportements divers et cinq novillos sur six intéressants... J'avais passé un moment exquis...

    Un fer qui gagnerait à être découvert dans des arènes françaises, pour nous sortir du "tourner en rond" perpétuel proposé par certains de nos organisateurs...

    Bonne continuation de périple

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