mardi 7 avril 2015

La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine (Part3)

Précédemment dans « La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine »
Lassés d’être lésés et déconsidérés par les matadors de toros ou de novillos, Román "El Chato" Guzmán et Saturnino Bolio "Barana" décident de former un syndicat dédié aux subalternes. Pendant qu’ils s’échinent à peaufiner leur projet, qu’ils  tentent de convaincre les principaux concernés et qu’ils s’installent Gante 21 Despacho 7, les offenses et brimades des maestros à leur égard ne cessent de s’aggraver.

Un jour, alors que El Chato toréait à Ciudad Juarez, un de ses collègues banderillero reçut une grave cornada. Comme il n’y avait pas ni médecin ni infirmerie dans les arènes, le blessé fut transporté directement à l’hôpital. Quand il va lui rendre visite le lendemain, son compañero demande à Guzmán d’aller réclamer à son matador les émoluments qui lui sont dus. Celui-ci file à l’hôtel chercher le matador en question mais il arrive trop tard. Le « maestro » était parti sans se préoccuper ni de la santé de son banderillero, ni de lui régler son salaire et ses frais. Pour faire face à cette situation, le Chato sollicitera la permission de sortir une couverture à la fin de la corrida suivante afin de faire appel à la générosité des spectateurs présents. Ainsi a-t-il pu dédommager un peu le blessé et faciliter le paiement de son voyage retour à Mexico.

Une autre triste expérience a pour théâtre Papantla, une ville qu’on ne peut rallier qu’à cheval, en traversant la sierra. Il n’y a pas encore de route à l’époque. Cette fois encore, "El Chato" Guzmán est accompagné de Edmundo Zepeda. Au soir de la deuxième et dernière course qu’ils devaient toréer là-bas, Guzmán et Zepeda ont pris en charge un de leurs compañeros blessé et négligemment « oublié » sur place par son matador. Comme ils n’avaient pas suffisamment d’argent pour rester un jour de plus, ils ont loué un cheval et ont ainsi entrepris le voyage pour rentrer à Mexico. La plaisanterie a duré 3 jours, avec pour seules ressources une bouteille d’eau oxygénée et une d’iode, de la gaze, du coton, un couteau et un crayon dont ils se sont servi pour enfoncer la gaze dans la blessure pour canaliser l’hémorragie. En arrivant à Mexico, ils se sont rendus chez le Docteur Francisco Ortega lequel s’est fait fort de soigner le blessé sans demander un centavo en échange. Ce bon docteur était connu pour être un bienfaiteur des toreros.  ¡Dios lo tenga en la gloria!

C’est comme ça qu’à l’époque les matadors traitaient leurs subalternes. Et plus il était victime de ces situations douloureuses et humiliantes, plus l’idée qui obsédait « El Chato" Guzmán grandissait : il fallait absolument créer un syndicat. Quand ce n’était pas lui la victime, "El Chato" se trouvait régulièrement contraint de demander l’aumône pour aider ou soigner un compañero d’infortune… D’un côté il fallait se soucier d’apporter un soutien économique et moral aux subalternes qui en avaient besoin, et de l’autre côté il fallait travailler sans relâche à la constitution de cette association, sachant que c’était une tâche particulièrement difficile comme l’avaient montré les précédentes tentatives de regroupement menés par d’autres toreros maltraités et qui se sont toujours conclues par des échecs. Mais Román "El Chato" Guzmán gardait foi en son projet et ne cessait de croire qu’il se réaliserait un jour…

(A suivre...)

Zanzibar

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