mardi 5 mai 2015

La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine (Part5)

Après avoir vécu une succession de tragédies dans l’indifférence la plus totale, le banderillero Román "El Chato" Guzmán et le picador Saturnino Bolio « Barana » n’en peuvent plus et se sont jurer coûte que coûte de faire aboutir leur projet d’association des subalternes mexicains. Ce sont les évènements du 2 novembre 1932 qui servent de déclencheur et marquent véritablement leur entrée en révolte contre le mundillo.

Morelia, 2 novembre 1932. Au lendemain d’une course à laquelle ils participaient, El Chato et Barana descendent de leur chambre et attendent leur matador pour aller petit-déjeuner. Je ne sais pas à quelle heure exactement ils se sont levés mais ce n’est que vers 11h00 que Germán Figaredo, l’hôtelier, leur a dit qu’il était inutile de patienter plus longtemps : le matador et son apoderado avaient quitté l’hôtel à l’aube. Une fois de plus, les deux acolytes se retrouvaient seuls, négligés par leur patron et sans un sou pour rentrer à la capitale. Pendant le petit déjeuner que leur a offert l’hôtelier avec bonté, Barana, dégoûté, a tenu à peu près ce discours « Tu vois Chato, si on gagne cette bataille, nous pourrons rendre grâce à dieu, si en revanche nous la perdons, on peut prendre notre retraite, toi de banderillero, moi de picador ».  Ils en étaient là de leurs élucubrations quand le Señor Figaredo s’est approché d’eux pour leur demander comment ils comptaient rentrer à Mexico. Barana lui a répondu qu’ils n’avaient d’autre choix que de mettre en gage leurs capotes et leurs costumes… ce qu’ils n’eurent pas à faire lorsque l’hôtelier leur eut généreusement remis 50 pesos à chacun.
Ce don de 50 pesos, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les subalternes devaient se libérer du joug des matadors et ne plus devoir leur survie financière à la générosité d’autrui. Le sort était jeté, l’Union allait voir le jour. Ce métier était le seul qu’ils connaissaient et le seul grâce auquel ils pouvaient nourrir leur famille. Quelles que soient les embûches, ils se battraient pour être reconnus, payés et respectés. 

Sur le trajet de Morelia à Mexico, El Chato et Barana ont dressé la liste des difficultés qu’ils s’apprêtaient à devoir affronter : les empresarios pour sûr, les matadors et les novilleros évidemment, mais par-dessus tout, certains de leurs compañeros picadors et banderilleros qui bénéficiaient des largesses et des faveurs de certaines empresas. Ceux-là pensaient qu’il était ridicule de prétendre à l’indépendance, se gaussaient des deux perturbateurs et tournaient ostensiblement le dos à leur « conspiration ».

A leur retour à Mexico, les discussions autour du projet d’association des subalternes reprennent bon train. Mais les deux amis ont décidé de ne pas se contenter de prêcher dans la capitale : à partir du mois de novembre 1932, chaque fois qu’ils toréent dans n’importe quel état du Mexique, Barana et le Chato exposent leurs plans à leurs compañeros. Leur objectif est d’atteindre le plus rapidement possible le quota d’adhérents imposé par la loi pour pouvoir fonder le syndicat. Le projet est parfois accueilli avec sérénité, d’autres fois avec indifférence, et d’autres fois encore avec  moquerie ou pessimisme. Toutefois, Antonio Velázquez (alors banderillero), "El Mochito", et quelques autres subalternes ont sur le coup approuvé le projet.
Las, nombreux sont ceux qui ont rapidement fait machine arrière…

(A suivre...)

Zanzibar

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