dimanche 7 juin 2015

La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine (Part7)

Précédemment dans « La Unión Mexicana de Picadores y Banderilleros - A l'origine »
Poussés par leur afición et la haute idée qu’ils ont de leur métier,  le banderillero Román "El Chato" Guzmán et le picador Saturnino Bolio « Barana » sont en passe d’atteindre leur but : la création d’un syndicat représentant la corporation des subalternes mexicains. Après six ans de lutte et de détermination (et grâce à quelques belles rencontres) les deux hommes peuvent enfin se permettre d’être optimistes. Mais les choses ne sont pas si simples…

On est fin 1932 et le projet d’union des subalternes prend forme : le juriste Zenteno et sa sœur Lupita se chargent de faire toute la paperasse administrative pendant que des rumeurs teintées d’incrédulité vont bon train chez les taurinos de tout poil. Mais plus les choses se précisent, plus l’anxiété gagne les grosses huiles du mundillo

Un beau matin, El Chato est  convoqué au bureau de Eduardo Margeli, un très très très important impresario de l’époque. Guzmán s’est naturellement rendu sur place à l’heure dite et voici peu ou prou la teneur de l’échange qui a eu lieu entre le banderillero et l’impresario : « Salut Chato ! C’est vrai que tu as fondé une union des picadors et des banderilleros ? ». Le Chato lui répond fièrement : « Oui monsieur. L’Union est en passe d’être officiellement créée. Dans très peu de temps, ce rêve deviendra enfin réalité ». Après un bref silence, la voix tant redoutée de Margeli résonne ainsi : « Je vais te faire une proposition Chato. Tu arrêtes tout et je te file 15000 pesos en liquide. En plus, je t’assure des contrats pour toute la temporada ». Réponse du Chato : « Señor Eduardo, je vous remercie pour votre offre mais l’Union doit se faire et se fera ». Margeli insiste en vain et congédie le Chato avec ces sentencieuses paroles : « Ecoute bien ce que je vais te dire. Au cas où tu réussirais à faire définitivement aboutir ton projet d’Union des Subalternes, n’oublie jamais ce que tu vas sacrifier… tes compañeros ne te le pardonneront jamais ». Et Guzmán de répondre : « Même s’il en est ainsi, j’irai jusqu’au bout ».

Quelques jours plus tard, Margeli a appelé Barana et la même scène s’est reproduite. Le compagnon de lutte du Chato a refusé toutes les propositions de l’impresario.

Les représailles ne se sont pas fait attendre…

Pendant 2 ans, ni le Chato ni Barana n’ont vu un pitón. L’homme fort du mundillo a usé de tout son pouvoir et de tout son réseau pour faire en sorte que les deux acolytes soient boycottés partout et par tous. Barana s’en est arrangé en s’exilant à Lima pour un temps alors que le Chato restait à Mexico, à la tête de l’Union désormais fondée. Ne pouvant plus toréer, il a vendu ses vêtements professionnels et ses biens pour pouvoir subsister. Mais le plus difficile à supporter fut sans doute la manière dont ses compañeros se sont moqués de sa situation, sans tenir compte du fait que cet éloignement des ruedos était le prix à payer pour s’être engagé à les défendre, pour qu’ils puissent cesser de vivre dans l’opprobre.

Margeli avait dit vrai : la lutte entreprise était incomprise. Loin de le décourager, ces railleries et marques de mépris de la part de ses collègues n’ont fait que renforcer la volonté du Chato qui n’a eu de cesse de travailler pour défendre la communauté des subalternes.

(A suivre...)

Zanzibar

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